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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 15:12

Un an a passé.

J'ai pu enfin déménager. Non pas que mon appartement ne me plaisait plus mais, disons que j'ai trouvé (enfin on m'a proposé serait plus exacte) une belle opportunité que je ne pouvais refuser. Plus grand, plus lumineux, plus moderne comme tout à chacun, la quête du « toujours plus » m'a séduit même si ce n'était pas une priorité.

Quoi qu'il en soit je suis donc installé dans mon appartement. Le déménagement s'est bien déroulé même si, comme tout déménagement, des choses se perdent en route. Par quel prodige je n'en sais rien, je sais que j'ai bien rangé toutes mes affaires dans des cartons adéquates, qui ont tous été marqué et étiqueté. En sortant j'ai bien fait le tour de chaque pièce et l'appartement était aussi vide qu'au premier jour. Va falloir qu'un jour je me penche sur ce mystère. Me revoici donc avec cette impression de nouvelle vie, amputé donc de la plupart de mes notes sur mes investigations. Car voilà l'essentiel de ce que j'ai égaré, certains y verront un signe du destin qui me reprend ce que je n'aurais sans doute pas dû toucher, d'autres n'y verrons qu'une coïncidence.

 

 

Pour ma part cet incident ne m'a donné qu'une envie, celle de repartir à zéro. Je me remet au travail, direction ma boite mail, moins dense qu'auparavant avec « seulement » un petit millier de messages à décortiquer. Mais autant abréger tout de suite, mon bonheur ne va pas être virtuel, c'est dans le courrier en retard que je vais le trouver, par cette lettre que j'ai reçue  depuis des semaines dans mon ancienne adresse.

En m'apercevant qu'elle vient d'Algérie j'ai d'abord pensé à une erreur. Je l'ouvre et sors la lettre manuscrite signée d'un certain Ibrahim. Bien sûr, mon ancien voisin qui au moment de sa retraite a décidé de repartir au pays. « J'ai fini ma maison, tu viens quand tu veux passer un mois ou deux, comme tu veux » m'avait il dit avant de partir. Evidement j'avais accepté son invitation plus par politesse car, sachant que je n'aurais probablement pas le temps de le voir. Et puis, il a rejoint sa famille et ses anciens amis, j'aurais l'air d'un intrus.

Le courrier date de plus d'un mois, j'espère qu'il n'attendait pas une réponse urgente de ma part. En la lisant j'apprends qu'il va très bien, là est l'essentielle. Un paragraphe plus loin il me rappelle son invitation en précisant qu'il y a des choses qui risquent de m'intéresser. Car, même en Algérie, Ibrahim est au courant de mes investigations, il est vrai que j'avais déjà évoqué mon projet en sa compagnie et je suis surpris qu'il s'en souvienne encore et plus, qu'il suit l'évolution de mon blog avec beaucoup d'attention.

 

Quelque chose qui risque de m'intéresser. Connaissant Ibrahim, je sais qu'il ne parle jamais pour rien dire et après tout je ne suis pas parti en vacances cette année et vu le manque de « projet » en notre beau pays, pourquoi pas jeter un oeil dans l'ancienne colonie française.

 

 

Ma première sensation en sortant de l'avion et cette bouffée de chaleur qui m'envahit jusque dans mes poumons. Je n'avais plus ressentit ça depuis la canicule de 2003, pas de doute nous sommes bien en Afrique. Je retrouve donc Ibrahim à la sortie de l'aéroport et constate qu'il a bien meilleure mine, je dirais presque qu'il a rajeuni. Après les salutations d'usages, nous montons dans sa voiture où il m'emmène jusqu'à chez lui. C'est une grande maison de trois étages, avec balcons et terrasses dans presque toutes les fenêtres. Je me rends d'ailleurs compte que toutes les résidences sont ainsi faites par ici. La somme des années de dur labeur en Europe. Puis il me montre ma chambre, une pièce simple avec une grande fenêtre ouverte qui donne en plein sur un cimetière envahit par la végétation sauvages.

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Je ne sais pas comment l'expliquer, peut être mon sens désormais aiguisé y est pour quelque chose, mais je pense que ce cimetière est le but de ma présence ici. D'ailleurs rien qu'à voir le visage d'Ibrahim cela confirme mon ressentiment. Mais il ne me dit rien, pour le moment. Il retrouve le sourire et m'invite à prendre le café au salon.

Il me présente sa famille, sa femme et ses deux fils qui bientôt, iront étudier l'un en France, l'autre en Angleterre.

A un moment je vois du coin de l'oeil la femme d'Ibrahim qui chuchote quelques mots en arabes à son mari tout en me regardant. Elle a l'air anxieuse et Ibrahim semble se vouloir apaisant.

 

 

C'est la fin de la soirée et la fatigue de mon voyage commence à sérieusement me peser sur les épaules. Je décide d'aller me coucher.

Contrairement à la journée, les nuits sont très fraîches ici et je me croirais presque revenu en France. Je m'empresse de fermer les volets. Peut être à cause du dépaysement j'ai du mal à trouver le sommeil. J'entends les vas et viens des habitants de la maison, ils n'ont pas l'habitude de se coucher tôt. Dehors, l'appel à la prière de la mosquée voisine me surprend dans un premier temps mais, la récitation douce et éloquente du muezzin me donne une sensation de bien être. Le calme reviens doucement, j'entends les dernières personnes encore dehors qui se saluent, une voiture démarre. Puis le silence de la nuit, seule la femme d'Ibrahim s'active encore dans la cuisine, elle fait la vaisselle. D'autres voix lointaines résonnent dans la nuit, décidément les gens ne dorment jamais par ici. Des voix d'hommes, de femmes et même d'enfants alors que nous sommes à une heure bien avancée. Je mets un long temps avant de me rendre comptes que ces gens parlent parfaitement le français. Je ferme les yeux et tente d'accélérer le sommeil.

Mais un grand cri me fait sursauter, rapidement suivi par de la vaisselle qui se brise et les portes des chambres des hommes de la maison qui s'ouvre à toute vitesse. A mon tour je me lève pour aller voir ce qui se passe et je trouve Ibrahim qui tente de relever sa femme dans un piteux état. Elle est terrifiée et récite ce que je devine être des versets coraniques. Ses fils tentent de la calmer et l'un d'eux me prie d'aller regagner ma chambre. Finalement, Ibrahim installe sa femme dans leur chambre et ses fils referment la porte sur eux. Je les entends qui tente d'apaiser leur mère tandis que celle-ci fond en larme. Je reste ainsi seul dans le salon puis vais regagner la cuisine. Sous les débris de verres je trouve une trace de poussières mélangé à de la terre. Tout près se trouve une branche de chardons piquant avec un petit morceau d'étoffe accroché dessus. J'entre dans ma chambre, jusqu'à ce que quelques minutes plus tard, Ibrahim vienne me rejoindre. Je sais que je vais enfin connaître la raison de mon invitation.

 

 

Ces premières paroles sont des excuses pour ce qui vient de se passer et sur le fait qu'il ne m'a pas tout expliqué dans la lettre. Je n'ose l'interrompre de peur qu'il ne se mur dans le silence. Il se lève et ouvre mes volets en grand, je ressens un vent trop frais qui envahit la pièce. Le cimetière est en face, seulement éclairé en partie par un lampadaire. Ibrahim le fixe puis me dit que tout a l'air bien calme ce soir. Je me lève à mon tour et vais regarder à la fenêtre avec lui, puis une bonne fois pour toute je lui demande ce qui se passe ici.

 

Ce cimetière date de l'époque coloniale et sont enseveli des familles françaises. D'ailleurs, en regardant le portail d’entrée, on peut voir une croix chrétienne sur la devanture. Depuis l'indépendance en 62, celui-ci est laissé à l'abandon ce qui explique la saleté du lieu et la végétation sauvage. Selon Ibrahim une délégation française était venue il y a quelques années pour trouver un moyen d'exhumer ces corps pour les ensevelir en France mais à ce jour rien n'a été fait. Il craint qu'il ne reste ici pour toujours. « C'est peut-être pour ça que certains se manifestent de temps à autres. »

Un frisson me parcours le corps et je fais un rapprochement entre les voix que j'ai entendues avant que sa femme se mette dans tous ces états.

Je lui demande naïvement ce qu'il veut dire par là et il m'explique que parfois, « ces gens » comme il les appelle, sortent de leur tombe et reste le plus souvent à l'intérieur du cimetière. Ils semblent se parler et se déplace comme le ferait un être vivant, sauf que leur mouvement ne correspond pas à la géographie du lieu.

La première fois qu'il les a vus, Ibrahim pensait à des jeunes venu passer le temps mais, en observant de plus près, il se rendit compte que ce n'était pas des gens du pays, leurs vêtements, leur parler ressemblait plus à des français. Il n'a jamais parlé de cette histoire a qui que ce soit, de peur de passer pour fou devant ses voisins. Alors il s'en ait accoutumé, jusqu'au jour où « ces gens » ont décidé de dépasser la limite de leur cimetière. L'un d'eux était ici ce soir.

 

Difficile de fermer l'oeil après un tel récit, je passe alors une partie de la nuit à observer ce cimetière mais rien ne se manifeste à mes yeux. Spectre ou non, je crains qu'Ibrahim et sa femme pensent que je vais leur en débarrasser.

 

 

Le cimetière a l'air moins sinistre en plein jour. Il est à peine 11h et le soleil chauffe déjà plus que de raison. Je longe le long mur et prend quelques photos de l'extérieur. Puis en bout de chemin, je remarque que le grillage est cassé, ni une, ni deux j'escalade le mur et me retrouve de l'autre côté. Le terrain est beaucoup plus grand qu'il n'y parait et l'intérieur est en friche.

 

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Des tas de détritus longe le sol, surtout des canettes vide. De l'alcool, évidemment. Je retrouve les chardons par dizaines, de la même espèce que celle retrouvée dans la cuisine, plusieurs me collent aux vêtements et j'ai du mal en m'en débarrasser. Mais ce qui me choque le plus, c'est de constater que la plupart des tombes sont profanées, les stèles sont brisées comme si des individus peu scrupuleux s'était mis en tête de déterrer les cadavres pour les dépouiller de leur bien. Ou alors n'est-ce que du vandalisme ordinaire.

 

 

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Je m'enfonce plus profondément dans le cimetière et constate que beaucoup de personnes sont ensevelis par ici. Le sol n'est pas droit et j'arrive dans un terrain en pente. Des tombes sont placées ici et là au ras du sol, la végétation dense m'empêche de les voir.

 

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Je décide de faire demi tour et juste au moment de sauter le mur pour quitter le cimetière il me semble apercevoir un homme qui me fait signe. Le temps de reprendre mes forces et de ré escalader de nouveau, il a disparu. Je me dis que mes yeux m'ont joué des tours, ce n'est pas la première fois sauf que je revoie l'homme aussitôt, assis par terre il ne bouge plus. A un moment il regarde en ma direction mais, ne semble pas me voir, comme si son regard était perdu. Nous sommes en plein jour je pense immédiatement à un sdf quand l'homme fait une chose étrange. Le voilà qui rampe au sol jusqu'à se glisser dans une sépulture par le côté brisé de la pierre tombal.

 

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Etonné par ce que je viens de voir je reste figé un moment puis m'approche doucement de la tombe. Je m'abaisse alors,à l'intérieur tout est noir et j'entre ma main armée de mon appareil photo le plus profond que je le peux. J'avoue être sur mes gardes mais, à quoi bon, si quelqu'un m'attrape je suis à sa merci. J'appuie sur le déclencheur mais j'ai oublié de mettre le flash, je n'ai plus qu'à recommencer. La deuxième tentative est la bonne et tel un enfant je m'enfuis en courant du cimetière, je pense avoir assez d'images comme ça.

 

 

Je retrouve la femme d'Ibrahim, elle a l'air d'aller mieux. C'est hors de question de lui parler de quoi que ce soit et son mari est bien d'accord avec moi. Je lui montre brièvement les photos que j'ai prises mais l'homme ne veut que du concret et quelque part, je comprends son impatience.

 

La nuit est tombée et contrairement à la veille, le sommeil me tombe comme une chape de plomb. Je ne sais pas à quelle heure cela a commencé mais j'entends à nouveau parler au dehors et dans un français parfait. Je me lève d'un bond et m'approche du volet, je lève le loquet doucement mais difficile de ne pas faire du bruit. Le volet s'ouvre et effectivement, j'entrevois du mouvement dans le cimetière. Le temps que mes yeux s'y habituent et malgré l'obscurité, j'aperçois clairement trois hommes côte à côte, qui semble discuter. Puis l'un d'eux passe le muret du cimetière et ses pieds ne semblent pas toucher terre. Je ferme les yeux et les rouvres aussitôt, je me rends compte qu'Ibrahim avait raison, ils ont des mouvements qui ne correspondent pas à la géographie du lieu.

C'est comme s'ils répétaient un même moment de leur vie passée, dans leur maison ou ailleurs. Je reste ébahit et terrifié par ce spectacle, des hommes et des femmes, allant et venant jusque dans la route quand l'un d'eux remarque ma présence. Un homme me fixe et cette fois-ci, c'est bien moi qu'il regarde avant que d'autres encore regardent en ma direction. Je recule aussitôt et referme le volet avant de le rouvrir doucement pour découvrir un homme juste en dessous de ma fenêtre, il me fixe. Je prends peur. Je reste ainsi dans la nuit quelques instants, ne sachant quoi faire, réveiller Ibrahim ? A quoi bon, je l'entends dormir profondément .

Je reprends mes esprits quand j'entends la femme d'Ibrahim dans la cuisine. Je vais en profiter pour lui demander à boire et éventuellement, si elle a encore vu quelque chose je tacherais délicatement de lui faire dire. En chemin je me rends compte que je risque de l'effrayer si je déboule ainsi en pleine nuit, alors j'use de tactique en signalant ma présence par un bâillement on ne peut plus poussé et en allumant la lumière du salon. Je me parle à moi-même afin qu'elle m'entende et, en entrant dans la cuisine il n'y eut pas de cri et encore moins de vaisselles cassées et pour cause, ce n'est pas la femme d'Ibrahim qui se trouve devant moi. C'est une femme que je n'ai jamais vue, plutôt élégante, vêtu d'une longue robe blanche typiquement européen. Elle ne semble pas du tout gênée par la lumière et se sert un verre d'eau le plus naturellement du monde. Tout en buvant elle remarque ma présence, je n'ose bouger.

« Vous êtes arrivé hier ? » me dit elle tout en se resservant de l'eau du robinet.

« Heu...oui »

« Il parait que vous allez nous ramener ? »

Je ne sais quoi répondre, en dehors d'un « je vais faire de mon mieux ».

La jeune femme pose son verre et passe devant moi en esquissant un sourire. J'entends une porte qui se referme derrière elle, puis plus rien.

 

Je me souviendrais toujours de son visage, de son regard, plein de vie et de cette agréable odeur florale.

 

De retour en France, en entrant les photos dans mon ordinateur je remarque que « ces gens » m'ont laissé trace de leur présence.

 

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Des taches blanches autour de ce qui semble etre un visage.

 

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A gauche, la tombe où l'homme s'est glissé. A droite, photo prise à l'interieur de la sepulture avec flash.

 

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Forme sombre et animal qui semble m'observer de loin.

 

Je pense que je vais écrire à l'Elysée ou à un ministre plus à même de régler le rapatriement des corps de compatriotes oubliées.

J'ai appris que, toujours aussi impatient, Ibrahim a changé de maison. Il habite un quartier moins calme car hanté par des gens bien vivants ce coup-ci. Je ne pense pas qu'il s'en plaindrait et sa femme encore moins.

 

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